Madame Dargent agonise sur son lit de mort. Malgré la douleur, elle parvient à se remémorer des fragments de vie, et à remonter à chaque seconde dans ses souvenirs les plus lointains. Une chose est certaine : son mari, un célèbre romancier, ne l'a jamais aimée. Il ne l'a jamais vraiment regardée, trop occupé par ses maîtresses et son métier.
Pourtant aujourd'hui il est penché sur le corps cadavérique de son épouse, bouleversé par sa mort imminente. La main dans celle de son mari, Madame Dargent s'apprête à lui avouer qu'elle sait tout…
Au travers d'une scène aussi pure que choquante, Georges Bernanos a créé une nouvelle comparable à aucune autre. Il rappelle, dans un tourbillon d'émotion, qu'il n'est jamais trop tard.
Georges Bernanos (1888–1948) est un écrivain français. Il passe la plus grande partie de sa jeunesse au Pas-de-Calais, lieu qui inspirera bon nombre de ses romans. Il poursuit des études à l'institut Catholique de Paris. C'est après avoir participé à la Première Guerre mondiale que Georges Bernanos publie selon ses mots un « livre né de la Guerre » : « Sous le soleil de Satan ». Face à des difficultés financières, il s'installe dans plusieurs pays étrangers (dont les Baléares, le Brésil en exil, la Tunisie…). Il publie en 1936 un autre de ses romans majeurs : « Journal d'un curé de campagne ». Comme les titres l'indiquent, ses œuvres représentent très souvent des personnages catholiques, confrontés au combat spirituel entre le bien et le mal.